Jean-Baptiste, jeune père de famille.
Il y a 15 jours, je me suis fait une entorse au genou. Ma femme m'accompagne aux urgences. Une fois sur place, je suis emmené dans un fauteuil roulant et l'on me dit qu'elle ne peut pas m'accompagner parce que je vais être ausculté dans un box pour deux personnes. Ah bon !
En entrant dans cette pièce, je découvre mon collègue d'infortune. Il a le visage tuméfié avec de nombreux points de suture. Aussitôt, je "sens" de façon très forte qu'il va se passer quelque chose. Je demande donc à l'Esprit Saint de m'aider à trouver les bons mots. Qui sait si ce monsieur n'est pas enfin mon "aimer et servir" ? (Ça m'est venu comme ça, de façon un peu "brutale").
J'entame la conversation, je lui demande comment il a fait son compte. "Le mur n'a pas voulu reculer", me dit-il non sans humour. Il est là depuis la veille. Routier à la retraite, il est dans un trou perdu. L'alcoolisme, sans aucun doute. Je lui dis qu'il y a quelqu'un qui l'aime plus que tout. Que si Dieu l'a protégé jusqu'ici avec son camion, ce n'est pas un hasard. J'évite de lui faire la morale. Il me dit qu'il est seulement baptisé, que Dieu lui fait ni chaud ni froid, mais que cela ne le dérange pas non plus d'en parler.
Un médecin arrive et lui recommande de limiter sa consommation... "Je vais y réfléchir", répond-il. Il lui explique qu'il est bien seul dans son village et que selon lui, les 3/4 des autres habitants sont dans le même cas que lui...
On reprend ensuite notre discussion. Il me raconte qu'il est parisien d'origine. Je lui pose des questions sur sa famille. Deux enfants qui ne viennent jamais le voir, divorcé depuis 30 ans... à cause de la route, me dit-il.
Au bout d'un moment, je lui propose : "vous savez, si vous vous ennuyez, là où vous êtes, je serais content de venir vous rendre visite de temps en temps". Il me répond "pourquoi pas, c'est toujours sympa de causer !". Le courant passe. On m'emmène faire une radio. Je dis au médecin qui m'accompagne : "quelle vacherie, cet alcoolisme". Il me répond "on en a beaucoup, ici, si vous saviez...". Et je me dis : "mais que faisons-nous pour eux ?".
De retour dans le box, une autre 'idée' me vient : il faut vraiment que je fasse quelque chose pour lui, passer des mots aux actes, tout de suite, concrètement. "Seigneur, aide-moi !" Et l'occasion se présente "toute seule" un peu plus tard : outre le fait qu'il n'a plus rien à se mettre car ses vêtements de la veille étant maculés de sang - l'hôpital va y pourvoir - c'est très compliqué pour lui de rentrer chez lui. Personne pour venir le chercher et s'il prend un transport en commun, il devra marcher au moins 2 kilomètres pour rentrer chez lui... Il explique cela aux infirmières, très embêtées à l'idée de le laisser repartir tout seul. Alors je comprends : c'est à moi de le ramener. Je lui propose. Il est enchanté. Une infirmière arrive. Il lui dit fièrement : "ce monsieur me propose de me ramener". J'essaye de garder un air détaché... surtout que c'est mon épouse qui va conduire. :-)
Nous reprenons notre conversation, je lui parle de mon travail, de notre super paroisse. Il ne reste plus qu'à ce que l'assistante sociale, qu'il devait voir, arrive, car en ce qui me concerne je peux maintenant partir, et ma femme attend dehors depuis déjà 2 heures...
Cinq minutes plus tard voici l'assistante, il lui annonce qu'il faut se dépêcher car "ce monsieur me ramène". Je dis à mon nouvel ami que je l'attends dehors : l'assistance sociale me sert alors la main comme si j'avais rendu un grand service à toute la nation !!! (J'aurais presque pu lui dire : bah non, ça s'appelle juste Aimer & servir, c'est tout simple, si vous voulez participer... :-) )
Finalement, ravi d'avoir été raccompagné en 20 minutes, devant sa petite maison, il me sert une poignée de main pleine de reconnaissance, en me regardant droit dans les yeux, et il me dit simplement "merci". Je lui promets de revenir, il sait que je tiendrai parole, et il me laisse son numéro de portable.
Hier, je lui ai proposé par texto de venir au goûter paroissial pour la Sainte Thérèse, il m'a rappelé pour me dire qu'il était d'accord. Il est même prêt à venir en train et nous irons le chercher à la gare... Par contre, il n'est pas encore prêt pour suivre toute une messe...
Sainte Thérèse est une bonne entremetteuse au ciel, n'est-ce pas ?
Bref, voilà, le Seigneur m'a trouvé mon "Aimer & servir" et ça me remplit de joie !
Récemment, Jacques me demandait de le tenir au courant de mon rendez-vous à l'hôpital ce matin... (qui d'ailleurs n'était pas très bon, vu que je suis encore prolongé de 15 jours d'arrêt maladie !). Je me dis alors que c'est quand même formidable ce que le Seigneur fait : il l'invite lui-même à avoir de la compassion pour moi, pauvre évangélisateur pécheur !!!
Dire que je voyais un peu Aimer et Servir comme un truc où il y a le superman catho bien en forme et le pauvre type...
Là c'est l'inverse, Louis est déjà rétabli, pas moi ! Vraiment dingue, ce truc !
Il y a 15 jours, je me suis fait une entorse au genou. Ma femme m'accompagne aux urgences. Une fois sur place, je suis emmené dans un fauteuil roulant et l'on me dit qu'elle ne peut pas m'accompagner parce que je vais être ausculté dans un box pour deux personnes. Ah bon !
En entrant dans cette pièce, je découvre mon collègue d'infortune. Il a le visage tuméfié avec de nombreux points de suture. Aussitôt, je "sens" de façon très forte qu'il va se passer quelque chose. Je demande donc à l'Esprit Saint de m'aider à trouver les bons mots. Qui sait si ce monsieur n'est pas enfin mon "aimer et servir" ? (Ça m'est venu comme ça, de façon un peu "brutale").
J'entame la conversation, je lui demande comment il a fait son compte. "Le mur n'a pas voulu reculer", me dit-il non sans humour. Il est là depuis la veille. Routier à la retraite, il est dans un trou perdu. L'alcoolisme, sans aucun doute. Je lui dis qu'il y a quelqu'un qui l'aime plus que tout. Que si Dieu l'a protégé jusqu'ici avec son camion, ce n'est pas un hasard. J'évite de lui faire la morale. Il me dit qu'il est seulement baptisé, que Dieu lui fait ni chaud ni froid, mais que cela ne le dérange pas non plus d'en parler.
Un médecin arrive et lui recommande de limiter sa consommation... "Je vais y réfléchir", répond-il. Il lui explique qu'il est bien seul dans son village et que selon lui, les 3/4 des autres habitants sont dans le même cas que lui...
On reprend ensuite notre discussion. Il me raconte qu'il est parisien d'origine. Je lui pose des questions sur sa famille. Deux enfants qui ne viennent jamais le voir, divorcé depuis 30 ans... à cause de la route, me dit-il.
Au bout d'un moment, je lui propose : "vous savez, si vous vous ennuyez, là où vous êtes, je serais content de venir vous rendre visite de temps en temps". Il me répond "pourquoi pas, c'est toujours sympa de causer !". Le courant passe. On m'emmène faire une radio. Je dis au médecin qui m'accompagne : "quelle vacherie, cet alcoolisme". Il me répond "on en a beaucoup, ici, si vous saviez...". Et je me dis : "mais que faisons-nous pour eux ?".
De retour dans le box, une autre 'idée' me vient : il faut vraiment que je fasse quelque chose pour lui, passer des mots aux actes, tout de suite, concrètement. "Seigneur, aide-moi !" Et l'occasion se présente "toute seule" un peu plus tard : outre le fait qu'il n'a plus rien à se mettre car ses vêtements de la veille étant maculés de sang - l'hôpital va y pourvoir - c'est très compliqué pour lui de rentrer chez lui. Personne pour venir le chercher et s'il prend un transport en commun, il devra marcher au moins 2 kilomètres pour rentrer chez lui... Il explique cela aux infirmières, très embêtées à l'idée de le laisser repartir tout seul. Alors je comprends : c'est à moi de le ramener. Je lui propose. Il est enchanté. Une infirmière arrive. Il lui dit fièrement : "ce monsieur me propose de me ramener". J'essaye de garder un air détaché... surtout que c'est mon épouse qui va conduire. :-)
Nous reprenons notre conversation, je lui parle de mon travail, de notre super paroisse. Il ne reste plus qu'à ce que l'assistante sociale, qu'il devait voir, arrive, car en ce qui me concerne je peux maintenant partir, et ma femme attend dehors depuis déjà 2 heures...
Cinq minutes plus tard voici l'assistante, il lui annonce qu'il faut se dépêcher car "ce monsieur me ramène". Je dis à mon nouvel ami que je l'attends dehors : l'assistance sociale me sert alors la main comme si j'avais rendu un grand service à toute la nation !!! (J'aurais presque pu lui dire : bah non, ça s'appelle juste Aimer & servir, c'est tout simple, si vous voulez participer... :-) )
Finalement, ravi d'avoir été raccompagné en 20 minutes, devant sa petite maison, il me sert une poignée de main pleine de reconnaissance, en me regardant droit dans les yeux, et il me dit simplement "merci". Je lui promets de revenir, il sait que je tiendrai parole, et il me laisse son numéro de portable.
Hier, je lui ai proposé par texto de venir au goûter paroissial pour la Sainte Thérèse, il m'a rappelé pour me dire qu'il était d'accord. Il est même prêt à venir en train et nous irons le chercher à la gare... Par contre, il n'est pas encore prêt pour suivre toute une messe...
Sainte Thérèse est une bonne entremetteuse au ciel, n'est-ce pas ?
Bref, voilà, le Seigneur m'a trouvé mon "Aimer & servir" et ça me remplit de joie !
Récemment, Jacques me demandait de le tenir au courant de mon rendez-vous à l'hôpital ce matin... (qui d'ailleurs n'était pas très bon, vu que je suis encore prolongé de 15 jours d'arrêt maladie !). Je me dis alors que c'est quand même formidable ce que le Seigneur fait : il l'invite lui-même à avoir de la compassion pour moi, pauvre évangélisateur pécheur !!!
Dire que je voyais un peu Aimer et Servir comme un truc où il y a le superman catho bien en forme et le pauvre type...
Là c'est l'inverse, Louis est déjà rétabli, pas moi ! Vraiment dingue, ce truc !